L'association estime que le potager de l'abbaye reste le site idéal pour construire un nouveau lieu de vie pour les handicapés.
Le verdict de l'enquête publique est tombé comme un coup de massue pour l'Arche qui projetait de construire de nouveaux locaux dans le potager de l'abbaye Saint- Nicolas.
« Le terme employé par le commissaire enquêteur qui parle de nuisances pour notre projet nous a profondément blessés et nous a fait bondir », commentent Jacques Béharel, président de
l'association et Corinne Courtel, directrice de l'institution.
« Discrimination »
« Le mot nuisances a été ressenti comme de la discrimination. Pour nous c'est plus qu'un refus, c'est un rejet. Notre conseil d'administration a trouvé cela inadmissible. Nous allons
faire part de notre mécontentement à la préfecture et alerter la Halde, la haute autorité de lutte contre les discriminations. » Pendant de longs mois, l'association s'est volontairement tue,
pour ne pas alimenter la polémique sur le devenir de l'abbaye lancée par l'association Percavie. « Pour nous il s'agit plus d'une manifestation d'égoïsme de riverains », lance Corinne
Courtel.
Malgré le refus de cette modification du plan d'occupation des sols, les responsables de l'Arche ne veulent pas baisser les bras.
« On avait prévu un parking souterrain »
« Pour nous, ce terrain est constructible. On garde encore un espoir. Le terrain sur le potager, de 6 000 m², formait un carré, il était idéalement situé. Notre projet architectural était
conçu dans le respect du style de l'abbaye et ne suscitait pas d'opposition du côté de l'architecte des bâtiments de France. Un parking souterrain de soixante places était prévu et juste huit
places à l'extérieur. Le bâtiment comportait un rez-de-chaussée et deux étages. L'accessibilité n'est pas si compliquée que les opposants ont voulu le faire croire. Elle est en tout cas moins
compliquée que là où nous sommes, rue des Tanneries. »
Créée il y a trente-trois ans à Verneuil, l'Arche accueille trente-cinq pensionnaires sur deux sites : vingt à Saint-Ouen-D'Attez et quinze qui sont logés rue des Tanneries à Verneuil
(dans une belle maison de maître) avec également un accueil de jour.
Une solution de repli
La solution de repli proposée sur le terrain de l'ex-intermarché ne satisfait qu'à moitié l'Arche. « L'architecte élabore un nouveau projet mais a priori la configuration du terrain, tout
en longueur, bordant la RN12, est moins attrayante. Son prix serait beaucoup plus élevé : 160 000 € au lieu de 70 000 € pour le potager. Effectivement les contraintes architecturales ne seront
plus les mêmes », poursuit la directrice.
Quant à la suggestion de s'installer dans l'ancien hôpital, elle juge que « ce n'est pas transformable en lieu de vie et qu'il faudrait tout casser. »
C'est véritablement un lieu de vie, où les handicapés seront intégrés au cœur de la cité, que souhaite l'Arche. « Voilà pourquoi ce rejet nous choque parce qu'il ne tient pas compte de
l'intérêt général. Notre souhait c'est aussi de continuer à faire vivre Verneuil. » Des arguments qui n'ont pas été suffisamment développés. « A l'abbaye on prévoyait un accueil pour trente-cinq
résidants, plus quatre à cinq en accueil temporaire », poursuit la directrice en insistant sur le fait qu'il ne s'agirait pas d'un transfert d'activité mais d'un développement de l'emploi. « Dans
le scénario idéal, nous garderions les sites existants avec une dizaine de personnes rue les Tanneries et une vingtaine à Saint-Ouen ayant moins de problèmes de mobilité. Actuellement
l'institution emploie cinquante salariés pour trente-cinq résidants et à terme on pourrait créer une quarantaine d'emplois supplémentaires si on arrivait à soixante-dix résidants.
»
Sophie Bogatay
Paris Normandie
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