Histoire de l'abbaye

Martha Kolodziej (art naïf)
Martha Kolodziej (art naïf)

 

 

 

 

1. Origine

En 1120, la construction de Verneuil sur Avre débute,

sous la forme d’une ville militaire, car Henri Ier

Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre, veut

protéger ses frontières.

En 1617, Le baron Rouxel de Médavy, gouverneur de

Verneuil, meurt. Sa femme, la comtesse Charlotte

de Hautemer, commence son projet de fondation d’une

Abbaye avec l’accord de Mgr de Péricard, évêque

d’Evreux.

Le 25 avril 1627 marque la fondation du prieuré

Saint Nicolas sous la direction de la sixième des  dix

enfants de la comtesse, dame Guyonne Scholastique

de Médavy. Le 28 avril 1628, l’évêque donne aux

moniales l’église Saint Nicolas, le cimetière et le 

presbytère.

Le 10 juillet 1628, la première pierre de l'Abbaye est

posée (aile ouest achevée en 1631). Le 6 décembre

1628, en la fête de St Nicolas, les murailles du dortoir

furent prêtes à accueillir les religieuses en clôture.

Le monastère adopte la règle de Saint Benoît.

2. Le prieuré devient Abbaye

En 1631, Louis XIII érige le prieuré en Abbaye royale. Il fait détruire le château de Verneuil. Les pierres servent à la  construction de la deuxième aile (aile sud achevée en 1635).

Le 8 septembre 1636, Guyonne de Médavy reçoit la bénédiction abbatiale des mains de l'évêque sous le nom de Scholastique. Le 15 septembre 1643, Madame Scholastique consacre son monastère à Notre Dame de l'Escalier. Elle meurt le 31 décembre 1669.

À la fin XVIIe siècle, sa nièce, Marie Bernard de Médavy, lui succède et entreprend la construction de l’aile est.

3. Le XVIIIe siècle et l'épreuve du Jansénisme

Sous l'influence du Jansénisme, le gouvernement interdit les nouvelles vocations.

L'Abbaye, privée de la dot de nouvelles soeurs traverse une période de difficultés financières.

En 1738, l’évêque annexe à Saint Nicolas l'Abbaye Notre Dame de Pacy, le prieuré du Pont de l’Arche et le prieuré Notre Dame de Dilection de l’Aigle. Leurs domaines sont vendus.

En 1772, Charlotte d'Hérissy (abbesse de 1753 à 1791) achète les remparts, fossés, buttes et le terrain dénommé « petit pré » derrière les remparts au bas de la propriété. En 1776, un pensionnat débute dans l'aile est.

4. L'épisode révolutionnaire

Le 13 février 1790, l’Assemblée Nationale déclare que la loi cesse de reconnaître les vœux solennels. En novembre 1790, la municipalité procède à l’interrogatoire des religieuses, toutes sont fidèles à leurs vœux. Quand au père Charles Gabriel Leroy, le curé de Notre Dame de Verneuil, il prête serment à la Constitution.

Le 3 février 1791, à la mort de Mme d’Hérissy, alors qu’il est impossible de recourir au roi, la communauté s’adjuge le droit d’élection. Le 4 février 1791, Mme de Monthiers du Perron est élue sixième abbesse à l’unanimité, choix validé par Mgr de Narbonne avant son départ en exil. Entourée de prêtres jureurs (i.e. ayant prêté serment à la Constitution), l’Abbaye est privée des sacrements et de la messe.

Le 2 octobre 1792, la communauté est jetée hors de l'Abbaye. Mme du Perron et ses moniales se répartissent dans plusieurs maisons de Verneuil. Les pillards dépouillent l'Abbaye et saccagent l’église. Les archives sont brûlées par une moniale prise de panique. A aucun moment le service religieux ne sera toutefois interrompu.

Le 2 septembre 1793, Mme du Perron est arrêtée, avec ses filles, puis conduite à l'Abbaye Saint Nicolas, devenue une maison d’arrêt.

En 1794, à la mort de Robespierre, les moniales sont relâchées. Elles sont jetées hors de l'Abbaye mais se regroupent pour continuer la vie monastique, sans les sacrements, jusqu'en 1795. Fin 1796, Madame du Perron loue la maison de Vieilles.
Puis, la paix rétablie, elle achète la maison de Courcy, bien plus vaste, et ouvre un pensionnat de jeunes filles.

5. Les dames hospitalières de Saint Benoît

À l’époque napoléonienne, la municipalité réclame des sœurs pour s’occuper de l’hospice.
Mme du Perron accepte avec l’autorisation du cardinal légat Caprara. Elles deviennent « hospitalières ». Leur travail est bénévole.

À Noël 1804, les bénédictines reprennent leur habit quitté depuis 12 ans. Pour régulariser leur situation, Mme du Perron rédige les statuts des dames hospitalières de Saint Benoît.
La communauté demande à réintégrer l'Abbaye, en vain. Celle-ci se transforme en théâtre, en fabrique, puis en hôpital dès 1805. Les sœurs travaillent donc à l'Abbaye le jour et retournent à la maison de Courcy le soir.
À partir de 1805, l'abbesse accueille 31 moniales venues d'autres congrégations et chassées de leur couvent. Mme du Perron meurt en 1813 sans avoir eu la consolation de réintégrer son Abbaye. L'évêque nomme Soeur Louise Françoise Anne Lamy. A cette époque, les moniales sont donc une congrégation enseignante avec deux pensionnats, et une
congrégation de charité donnant des soins gratuits à l'hôpital situé dans l'Abbaye.

 

 
6. Retour aux sources

En 1824, les administrateurs de l'hospice proposent à l'abbesse, Mme Lamy, de rendre l'Abbaye aux bénédictines en échange des bâtiments qu’elles occupent à l'époque. L’acte d’échange est signé le 24 avril 1824. L'Abbaye n’est plus qu’une ruine où tout est à refaire, il faut célébrer l’office avec un parapluie. Le 27 mai 1825, le marquis de Montmorency et
la duchesse de Richelieu posent la première pierre d’un pensionnat qui s’élèvera à l’est en prolongement de l’aile abbatiale.

Le 5 juillet 1827, pour adapter les oeuvres telles que le pensionnat et le travail à l'hôpital à l'esprit de Saint Benoît et pour assurer la stabilité d'un point de vue spirituel, l'évêque d'Evreux approuve la rédaction de nouvelles constitutions.
L'abbesse fatiguée donne sa démission en mars 1836. Elle meurt le 18 mars 1837.

Après 66 ans de labeur le service des bénédictines à l'hospice cesse à la demande de Marie Louise Delvigne (abbesse de 1866 à 1870) au maire de Verneuil. Selon la règle de Saint Benoît, la vocation des religieuses est la prière et la louange avant tout. Les moniales conservent le pensionnat de jeunes filles et le transfèrent dans l'Abbaye.

En 1870, la guerre éclate et le pensionnat ne peut rouvrir. Les classes sont transformées en logement pour les troupes et plus tard accueillent les ambulances. Une épidémie de petite vérole emporte la mère abbesse et plusieurs malades. C'est alors que la prieure consacre l'Abbaye au Sacré Coeur de Jésus. En 1871, l'ambulance est fermée, et le pensionnat rouvre après Pâques.

En 1888, Anastasie Grandineau, nouvelle abbesse élue, cède aux sœurs de la Providence d'Evreux l'externat et le cours gratuit. Les sœurs n'ont donc plus d'activité extérieure. Elles ne gardent que le pensionnat de jeunes filles pour subvenir à leurs besoins. Le 26 juillet 1888, les religieuses adoptent les constitutions et le cérémonial de l'Abbaye bénédictine Sainte Cécile de Solesmes, avec l'approbation de l'évêque.

7. La séparation de l'église et de l'état

Le 11 juillet 1892, Marie Gertrude Hastey est élue à l'âge de 29 ans. Le pensionnat ferme en 1895, mais les sœurs ouvrent à la place un alumnat. En 1897, le fisc menace de vendre l'Abbaye. La saisie et la vente aux enchères ont lieu en avril 1901.
Par chance, l'acquéreur est l'oncle d'une moniale qui garde les sœurs comme locataires. En cette même année, la reconnaissance de la congrégation en tant que « dames hospitalières », acquise sous Napoléon, protège les sœurs. Elles ne sont pas inquiétées par les menaces d'expulsion.
En mars 1903, le maire demande de fournir la liste des sœurs présentes dans l'Abbaye avec leur fonction, de faire l'inventaire des biens et l'état des recettes et dépenses. Les avis des moniales divergent sur la réponse à donner. La laïcité s'impose le 7 juillet 1904. Les sœurs perdent le droit d'enseigner.

L'abbesse prend peur et pense à l'exil, à l'instar d'autres congrégations. Malgré l'avis contraire de Mgr Meunier, elle prend le chemin de l'exil en Hollande avec un tiers de la communauté. Elle vend les animaux de la ferme, emporte le linge de sacristie, les objets de valeur, et ferme les comptes. Elle emmène également les alumnates. La prieure et les autres
moniales, fidèles aux conseils de leur évêque, décident de rester. Elles n'ont plus rien. Mme Hastey mourra en Hollande le 14 octobre 1904 et demandera pardon sur son lit de mort de la scission qu'elle a provoquée au sein de la communauté.

8. La « seconde fondation »

Au départ de Mme Hastey, c'est Scholastique Couturier qui devient prieure, puis abbesse en 1904. Fille d'un notaire, elle est considérée comme la seconde fondatrice car elle sut redonner à l'Abbaye ébranlée par la scission un second souffle.
Quand la guerre éclate en 1914, elle met à la disposition du maire l'aile entière de l'ancien pensionnat pour y établir un hôpital jusqu'en 1916. A leur suite, un groupe d'enfants belges avec leurs maîtres, chassés d'Ypres, occupent les locaux
jusqu'en 1919. Scholastique Couturier meurt le 8 novembre 1919. A sa suite, l'abbatiat de Marie Couturier fut la prolongation morale et spirituelle du précédent.

En 1939, l'Abbaye est à son apogée avec 70 sœurs. La seconde guerre mondiale éclate et les locaux de l'ancien pensionnat sont à nouveau réquisitionnés pour des réfugiés éventuels. En juin 1940, devant les menaces de bombardement, Mme Saint Gilles (abbesse de 1934 à 1965) décide d'évacuer les sœurs vers la Vendée. Trois moniales demandent à rester et se dévouent sans compter auprès des réfugiés de passage. Parmi elles, Mère Laurentia Sibien se distingue. Arrêtée par la Gestapo, elle mourra en captivité en Allemagne où elle eut un rayonnement extraordinaire auprès de ses compagnes.
L'Abbaye fut relativement protégée des bombardements et des incursions des Allemands. La vie monastique put s'y poursuivre en paix dans la prière, le silence et le travail.

Après la guerre, Mme St Gilles décide d'entreprendre la fabrication de pain d'épices et de biscuits pour subvenir aux besoins des moniales dont les fameuses nonnettes. La biscuiterie restera en activité jusqu'en 1995. Les moniales ont embauché jusqu'à 10 handicapées rémunérées et suivies. La seizième abbesse, Mme Marie Martzloff, élue en 1965, ouvre
une hôtellerie dans l'enclos de l'Abbaye.

Le 25 avril 1977, Pour les 350 ans du monastère, le vieux clocher d'ardoise est reconstruit. Il se dresse fièrement, symbole d'une nouvelle jeunesse et de la pérennité de la louange divine que les moniales continuent de chanter sept fois le jour
selon la tradition monastique, sans que jamais au cours de ces trois siècles et demi la célébration de l'office divin ait été interrompue.

9. Départ des bénédictines et arrivée du Pain de Vie

En août 2001, devenues trop âgées et peu nombreuses, les bénédictines prennent la dure décision de quitter Verneuil. Elle rejoignent l'Abbaye de Valmont, près du Havre, et confient l'Abbaye Saint Nicolas à la Communauté du Pain de Vie, avec pour mission de poursuivre en ces lieux la vie de prière, de travail et d'accueil chère à leur vocation.

10. Départ du Pain de Vie

La Communauté du Pain de Vie est née en 1976 et elle a été reconnue canoniquement par l'Église en 1984. Ses membres s’engagent, selon les conseils évangéliques, à l'obéissance, la pauvreté et la chasteté selon leur état, par des vœux.

En Avril 2007, Mgr Nourrichard, tout juste arrivé dans le diocèse, a demandé au Pain de Vie de quitter les lieux. Le Pain de Vie a fait une demande d’achat, sans réponse.

En Juillet 2009 l’Abbaye sera vendue pour 600 000 euros à la CCPV.

La Communauté du Pain de Vie regrette le démembrement du futur projet, et redoute le détournement de ce lieu de prières, rempli d’Histoire.

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Juillet 2009

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16/03/2024

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