L'abbaye se reconvertit

Le diocèse d'Evreux vient de vendre l'abbaye Saint-Nicolas à la communauté de communes de Verneuil. Un sacré défi pour cette collectivité qui va restaurer les lieux.

«C'est un projet de longue haleine. Dans quatre à cinq ans on y verra plus clair », annonce Philippe Marie qui a désormais les clés de l'abbaye Saint-Nicolas de Verneuil. Le président de la communauté de communes de Verneuil a officiellement signé le compromis de vente le 15 juillet avec le diocèse d'Evreux. Montant de la transaction : 600 000 € nets de frais pour un domaine de 3,6 hectares comprenant un ensemble de bâtiments (avec 183 pièces) où jusqu'en 2001 vivaient encore sept bénédictines.
Des sœurs bien seules dans ce labyrinthe témoin d'une vie dédiée au silence et à la prière depuis le XVIIe siècle.
La collectivité a désormais la charge d'un sacré morceau du patrimoine du sud de l'Eure. Un défi ambitieux que mesure Philippe Marie, très attaché à ce territoire.
Mais comment faire quand on est une petite collectivité qui n'a pas beaucoup d'argent ? Parce qu'un bien de cette taille peut vite devenir un gouffre. La communauté de communes a proposé de prendre la compétence tourisme et de créer une taxe de séjour. Après un patient travail de négociation avec Center Parcs, mais aussi les communes, cette taxe entrera en vigueur au 1er octobre 2009.
Center Parcs c'est le poumon touristique et économique du secteur, avec un million de nuitées par an. Une manne… Avec cette taxe fixée à 60 centimes par jour (pour les plus de 13 ans), la communauté de communes espère au moins 400 000 € par an.
« Nous allons développer un tourisme de proximité. En plus, le conseil général va aménager une voie verte près de Center Parcs », précise Philippe Marie.
« Aujourd'hui, il nous faut absolument mettre en valeur et mieux exploiter notre vallée, notre histoire. Quand vous dites Normandie à l'étranger, tout le monde connaît ce mot ! »
La stratégie est donc d'offrir même aux touristes de passage de quitter la bulle du domaine des Bois-Francs et de prolonger la découverte du territoire.
« Quelques contraintes, qui n'en sont pas finalement pour nous, ont été fixées par le diocèse : conserver le caractère historique et entretenir le cimetière où sont enterrées 189 sœurs », précise Philippe Marie. L'état des bâtiments est plutôt bon dans la partie rez-de-chaussée, un peu moins dans les étages. Désormais c'est une longue phase d'études qui va commencer pour redonner une seconde vie à l'abbaye.
SOPHIE BOGATAY
Forum Normandie
Paris Normandie
Article paru le : 22 juillet 2009